On retrouve dans le remake du “King Kong” de 1933 toute l'invention narratif du réalisateur de la trilogie du « seigneur des anneaux ». Peter Jackson nous y démontre, en près de 3 heures de film, que son oeuvre est cohérente sur tous les niveaux. Il réussit donc à donner au spectateur une vraie aventure cinématographique et par conséquent à l'émouvoir.
Le scenario est une des réussites du film. Ses grandes lignes sont connues mondialement, un énorme singe s'éprend pour une jeune fille désœuvrée et essaye, à tous prix, de rester avec elle. Mais la particularité du King Kong de Jackson est la présence de multiples personnages secondaires qui offrent au film une vraie crédibilité. Entre autre, un metteur en scène frustré qui cherche le divertissement suprême, ou bien le capitaine du bateau dont la mission principale est d'attraper la plus grosse bête au monde. Ces personnages donnent au film de l'intensité et de l'épaisseur grâce a la diversité des histoires traitées. On sent une force derrière tous ces destins, que l'auteur peint, les menant inéluctablement à l'aboutissement de leur quêtes. Ils cherchent tous quelque chose, la gloire, l'amour, la liberté. La caricature est présente souvent mais elle n'empêche pas le plaisir de voir l'aventure de ces vies dans un sauvage le plus extreme qui les poussent à leur nature la plus réelle.
Une autre réussite du réalisateur est la peinture du New York de l'époque. Les 30 premières minutes sont un véritable éblouissement au niveau des décors et de l'ambiance. Le cadre est détaillé à la perfection et les lumières sont très bien rendus. On est immergé dans cette ville qui donne au film une réelle identité. Cette première partie est mit en contraste, ensuite, avec la « maison » du King Kong, la jungle. Le gris de New York est remplacé par un vert exotique, les immeubles par de longs arbres fouillis et les New-yorkais par des bêtes monstrueuses, grandes ou petites. Encore une fois le détail y est: on ressent la chaleur, l'étouffement du milieu. Les personnages sont émerveillés, presque mystifiés par la beauté comme forcé de constater l'insignifiance de leur existence. Les effets visuels sont remarquables, tous font extrêmement vrais. On pourra citer la bataille entre un T-tex et notre King Kong superbement maitrisée et alléchante.
Mais l'intérêt principale du film se situe dans le triangle amoureux, atypique, fondé sur le thème du regard. En effet des le début du film les gros plan sont nombreux et les visages extrêmement exploités. Ensuite sur le bateau, un endroit clos, la vérité se dévoile dans le regard et non la parole. En opposition avec les indigènes qui n'ont pas d'œils à proprement parlé, ainsi ils sont dénaturés. L'héroïne principale est donc attirée par un écrivain qui n'arrive pas à s'exprimer puis par une bête énorme qui ne peut pas parler. La communication est seulement faite par le regard. Mais c'est la bête qui remporte le duel, les paroles, l'écriture ne suffisent pas. Le contact et le regard sont bien plus important, mis en contraste dans la dernière partie du film avec la ville de New York et ses habitants qui sont aliénés de leur propres émotions, il n'y plus de réelle communication. Peter Jackson touche donc le spectateur par cet amour platonique mais meurtrier, qui survit le temps et défit une société capitaliste sans émotion ni compassion, renfermée sur elle même.
Julien Dumas
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