Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Farris qui raconte le weekend plus qu'atypique d'une famille de la côte ouest des Etats-Unis fut un succès considérable tant critique que publique pour un film indépendant. Nominé pour quatre oscars, il en gagna deux : Meilleur scenario original et meilleur second rôle pour le grand père cocaïnomane. Jouant tantôt sur la comédie que sur le drame ce film montre des personnages aussi bien décalés (le grand père donc qui se drogue ou encore l'oncle suicidaire homosexuel et fan de Proust) que caricaturés ( L'ado dépressif et muet adorant Nietzsche et la mère « control freak »). Et à travers ces personnages et leur rencontres les auteurs parviennent à ne pas décrire seulement une famille quelconque mais la vie américaine dans son ensemble.
En cherchant a comprendre le film, une de ses caractéristique qu'il ne faut pas manquer est son appartenance au genre cinématographique du road-movie. Un long métrage donc qui se situe sur la route, d'un point donnée à un autre. Ici le scenario si prête parfaitement : Des parents, plus un frère et un grand père, accompagnent leur fille olive à un concours de beauté situé à une journée et demie de leur résidence. Un road movie tout craché renforcé par la forte présence de la voiture, une camionnette volkswagen, qui tombe en panne, qu'on doit pousser pour faire passer la seconde et qui a le klaxon cassé... Elle fait presque partie de la famille. On retrouve l'esprit du road-movie aussi dans le nombre de situations et rencontres comiques et incongrus. Pour en citer quelques-unes : L'oncle suicidaire se fait surprendre par un des ses anciens élèves en train d'acheter des magazines pornographiques pour le grand père ou encore l'arrestation dû au klaxon cassé, par un motard, de la voiture où le corps du grand père, mort en chemin, est caché dans le coffre. C'est dans ces moments que réside le comique du film.
Le ton n'est pas seulement dans le road movie, le film est aussi une vraie étude de moeurs sur la famille et tous ces interactions inter-familiales. Le film contient un nombre considérable de plans ou chacun des membres est représentés : au début, avant de partir et a la fin où tout ce petit monde est assis méditant sur leur parcours. Tous ces personnages ont leurs habitudes leur caractéristiques qui se dévoilent au sein de la famille. Le père, par exemple, qui ne se rend pas compte de son échec professionnel essaye de montrer à sa fille les attitudes des « winners » en lui faisant remarquer qu'elle sera un jour en surpoids si elle mange trop de glace. Ou encore la petite qui ne se croient pas assez belle et doute sur ces capacités. C'est en effet elle qui ouvre le film en imitant devant sa télé les gestes exactes d'une miss America. C'est toutes ces petites choses qui font de ces gens une famille certes un peu loufoques et c'est dans ces imperfections que la famille devient ,peut être pas modèle, mais touchante, sympathique et sincère. Les auteurs le montrent bien : on voient les personnages dans leurs moments de faiblesse ou le doute les emportent : Le père n'aura jamais l'opportunité de faire son livre, L'adolescent se rend compte qu'il est daltonien et ne pourra donc pas être pilote et le frère suicidaire vie chez sa soeur et n'a plus de bouleau. La famille nous apparait attachante et réconfortante, on ressort de la salle joyeux et peut être un peu plus grand.
Mais le film finalement prend aussi une forme dénonciatrice et polémique surtout dans la scène finale lors du concours de beauté. En résumé, les personnages arrivent trois minutes en retard, ils sont d'abord rejetés par l'aimable réceptionniste mais qui les accepte finalement après l'aide de l'informaticien. Lors de la préparation d'olive, la famille se rend compte du ridicule professionnalisme des autres gamines qui sont presque défigurés par le maquillage et les tonnes de produits qu'elles utilisent. Personne donc pensent qu'olive peut rivaliser et tout le monde croient qu'elle va se ridiculiser. Et en effet sa chorégraphie complètement déplacée fait scandale jusqu'au point ou toute la famille part danser sur scène avec elle et sont renvoyés et disqualifiés. Ainsi cette famille qui est d'abord vue comme fragile et désorientée est marginalisée. elle ne semble pas appartenir à cet endroit ou les mères se battent pour savoir qui de leurs filles est la plus belle dans une ambiance bercée dans l'innocence défigurée des enfants. Tous ces gens sont complètement en décalage avec le monde extérieur comme enfermé dans leur cocon de puritanisme américain. La famille alors nous paraît la plus sincère et naturel du monde. Ils ne sont peut être pas parfait mais en poussant leur camionnette a la sortie du parking ils paraissent ,avec toujours leurs doutes leurs peurs et leurs craintes respectives, beaucoup plus heureuse.
Clément Dumas
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